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W-D MÜLLER-JAHNCKE ANAL. REAL ACAD. NAL. FARM.
Les biographies de Liebig prêtent peu d’attention au fait que la
chimie à Paris était essentiellement formée par les pharmaciens qui
mettaient leurs expériences expérimentales gagnées dans les laboratoires
pharmaceutiques au service de la chimie moderne. Quoique Joseph-Louis
Gay-Lussac (1778–1850), le « chef » de la chimie française de l’époque
n’était pas du métier de pharmacien, de nombreux pharmaciens
travaillaient dans son laboratoire et Louis Jacques Thénard (1777-1857),
mentionné dans la citation ci-dessus, avait commencé sa formation dans
une officine. La carrière de Liebig a donc subi non seulement une
influence décisive de la part des pharmaciens, mais le fait de se tourner
vers la recherche chimique expérimentale exacte ressemble à l’approche
de beaucoup d’autres pharmaciens de l’époque qui faisaient des
recherches dans le domaine chimique. Ses recherches intenses à Paris et
son talent exceptionnel l’ont bien vite mené à surpasser le niveau de la
plupart des chimistes allemands dont un bon nombre venait du métier de
pharmacien.
III. PROFESSEUR DE FACULTÉ À GIESSEN
Le 16 mai 1824, Justus Liebig fut nommé professeur extraordi-
naire à l’université de Giessen, après que l’université d‘Erlangen lui avait
conféré, avec le soutien de Kastner, un diplôme de doctorat en juin 1823.
À Giessen Liebig fut nommé professeur ordinaire en décembre 1825 et
fonda un Institut chimique moderne où les cours de chimie étaient donnés
sous de nouveaux aspects, c’est-à-dire dans une unité de cours (de labora-
toire) théoriques et pratiques.
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